Photo by pina messina on Unsplash
Les makers et la recherche utilisateur
« Se réaliser, c’est faire. Ne rien faire, c’est nul. » écrivait Slate.fr tout en soulignant la convergence complexe de plusieurs tendances dans le DIY : une société qui valorise l’expression de talents personnels, l’art de la main, la « sobriété heureuse ». Transformer grâce à un savoir-faire une matière brute, une matière première en un produit imaginé et souhaité est une grande satisfaction.
Le psychologue cognitiviste Don Norman spécialiste du design centré sur l’utilisateur et auteur de l’ouvrage The Design of Everyday things écrivait : « I dream of the power of individuals, whether alone or in small groups, to unleash their creative spirits, their imagination, and their talents to develop a wide range of innovation (…) What drives this dream ? the rise of small, efficient tools that empower individuals”. Il évoquait ainsi son souhait de voir un avènement des DIY makers qui favoriserait l’innovation et une « révolution » de la façon dont les idées, les services et les produits seraient conçus.
Depuis que j’ai commencé à me former aux méthodes de user research, je me surprends à essayer d’identifier si un problème ou une situation que je rencontre peut s’associer à une démarche UX : un emballage, peu pratique ou que j’ai ouvert de la mauvaise manière par exemple.
Il me semble que le design de l’expérience utilisateur est aujourd’hui principalement associé à la réalisation de projets numériques, mais je réalise qu’il peut se retrouver dans nombre de domaines.
L’exemple le plus frappant qui m’est venu récemment est celui de la conception de patrons de couture par certaines stylistes et modélistes : elles créent des patrons de vêtements (modèle en papier des différentes parties d’un vêtement) en s’inspirant de leurs propres expériences, de leurs recherches souvent infructueuses dans les boutiques de vêtements traditionnelles, d’une quête pour un vêtement adapté à leur goût ou leur morphologie.
Elles entrent dans une démarche d’UX design à partir du moment où elles créent pour partager au plus grand nombre en ayant en tête toutes les contraintes et les conditions qui entourent la fabrication d’un vêtement. Pour celles et ceux qui connaissent un peu la couture, la prise en compte de ces paramètres est loin d’être une généralité pour un grand nombre de patrons de couture !
La réalisation d’un patron par une modéliste peut s’apparenter à un vrai travail de recherche utilisateur (à la seule petite différence près qu’elle conçoit le vêtement aussi à son goût, ce qui n’est pas du tout le cas pour un designer) :
Maintenant, parlons de l’expérience de l’utilisateur, de la couturière qui découvre le patron, achète l’ensemble du matériel nécessaire, réalise, teste et porte le vêtement et le trouve juste génial. Ça sent le vécu oui 🙂 et voici le cheminement de mon expérience de couturière débutante avec la réalisation du modèle Patsy conçu et proposé par la marque Ready to Sew :
Vous l’aurez compris, ici l’expérience est une réussite totale, sur laquelle j’ai pris soin de relever les moments où l’enthousiasme a quelque peu diminué (les moments de découpe sur lesquels je ne suis toujours pas à l’aise). Mais elle a clairement été inspirée, stimulée par la vue de toutes les créations heureuses réalisées et partagées aussi bien sur les espaces de Ready to Sew que sur d’autres espaces (blogs personnels de couturières amatrices).
D’où cela vient-il que les DIY soit si inspirant ? Peut-être du fait qu’ils sont conçus par des makers qui ont pensé le besoin, l’usage sur la base de leur propre expérience que et c’est pour cela qu’ils nous correspondent 😊 ? Ce voyage dans l’étude de l’expérience et de la recherche utilisateur est décidément riche en découvertes ! Sur ce, je vous laisse pour partir en quête d’un fabuleux tissu ramie pure dans lequel je vais fabriquer une Patsy n°2 !